Aubervilliers : la nouvelle vie des hommes et des objets

Aubervilliers : la nouvelle vie des hommes et des objets

Source : Le Parisien

28 septembre 2015, 17h40

Aubervilliers, le 23 septembre. Des pièces uniques sortent de l’atelier d’Initiatives Solidaires, réalisées par les 15 salariés en réinsertion.
La première mission du chantier d’insertion aura été de fabriquer les portes et les fenêtres de son propre atelier. « C’était en février 2014, on s’est dépêché de les terminer », raconte le sculpteur Christian Grisinger, intervenant chez Initiatives Solidaires, une association agréée entreprise solidaire d’Aubervilliers. Pour cet aménagement, il n’a employé que des matériaux de récupération. C’est le principe de base de cette initiative unique en son genre. L’atelier « revalorisation et transformation » est encadré par Christian Grisinger, sculpteur sur métal et Thierry Berrué, salarié pendant 30 ans dans l’industrie. « Nous revalorisons les matériaux mais aussi les salariés », résume-t-il.Sous sa houlette, les recrues réalisent des pièces au design original, à partir d’objets voués à la benne : les panneaux de bois d’un collège de Montreuil, une partie de candélabre ou un tronçon de charpente métallique, seront recyclés en luminaires ou mobiliers design. 500 objets uniques sont déjà sortis de l’atelier d’Aubervilliers.Les créations commencent à se tailler une petite notoriété. Lors des ventes-expos organisées sur place, les pièces partent bien, même si les prix oscillent entre 300 € et 8 000 € pour la création la plus chère. La semaine prochaine du 7 au 11 octobre, elles seront exposées dans une galerie parisienne. « C’est une vraie mise en valeur du travail de ces salariés qui jusqu’à présent ne se sentaient pas reconnus », observe Marie-Lucie Sciarli, directrice d’Initiatives Solidaires. Sur les créations figurent non seulement la signature du sculpteur mais aussi celle du salarié, gravée dans le métal. Aubervilliers. Le sculpteur Christian Grisinger travaille à partir de matériaux de récupération. Installée dans les anciens entrepôts de la Cofely, filiale d’EDF, l’entreprise d’insertion emploie une quinzaine de personnes. Toutes résident en Seine-Saint-Denis et sont restées longtemps éloignées du marché de l’emploi, certaines n’ont jamais travaillé. Autre particularité de cet atelier : la moitié des salariés ont un statut de réfugiés. Erik est géorgien, Sidate, sénégalais, Néné, la seule femme, est guinéenne. Pendant deux ans, tous vont acquérir un savoir-faire, réapprendre les codes du monde du travail, se lever et bosser en équipe.« Ce sont des gens méfiants, certains ont connu de mauvaises expériences professionnelles. Le premier mois ils observent, il faut que je leur montre que je sais faire. C’est la règle d’or », explique Christian Grisinger, soulignant : « c’est un public facile, nous n’avons presque pas d’absentéisme ». Quatre ont déjà trouvé leur voie. Bientôt, ce sera le tour de Sidate. Embauché pendant 14 mois dans l’atelier, ce jeune de 19 ans s’est piqué au jeu et apporte sa touche personnelle. L’ancien demandeur d’asile va enchaîner avec une formation en préparateur de commandes à l’aéroport de Roissy.

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